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Lettre de l'Académie

La Lettre de juin 2008 est déchargeable en document.pdf

La Lettre de février 2008 est déchargeable en document.pdf

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EDITORIAL

Les chiens mordent. Mais que fait donc l'Académie Vétérinaire ?

Au cours de l'été 2006, une commission, rassemblant les professionnels concernés, dont des organisations vétérinaires représentatives, était réunie par les services du Ministère de l'agriculture et de la pêche pour débattre de la prévention des morsures canines. Bien qu'intéressée par les aspects scientifiques et sociétaux de ce problème, l'Académie n'était pas conviée à participer à ces travaux.
A l'automne 2006, chacun a pu constater qu'aucune suite apparente n'était donnée aux propositions de la dite commission. Jouant son rôle de veille dans le domaine des sciences vétérinaires et de leurs interactions avec la société, l'Académie a repris la réflexion à son compte par l'intermédiaire de sa commission "relations homme-animal". Un rapport a été rédigé et un avis intitulé "La prévention des accidents de morsures canines" a été adopté lors de la séance du 8 février 2007, à l'unanimité des membres présents.*
Schématiquement, cet avis rappelle l'importance qualitative et quantitative de la présence des chiens dans les foyers français ainsi que son corollaire : le problème de santé publique posé par la fréquence et parfois, la gravité, des morsures. Il observe aussi que des chiens de toutes les races peuvent être amenés à mordre et que la taille ou le poids constituent des facteurs aggravants mais non déterminants du déclenchement de la morsure. Pour l'essentiel, les auteurs du rapport attribuent le déterminisme de la morsure à une perturbation des réactions fondamentales de certains chiens, induite soit par l'insuffisance de la prise en compte des aspects comportementaux lors de l'élevage des chiots, soit par l'insuffisance de la maîtrise du comportement canin dans de nombreuses familles, soit par l'association de ces deux facteurs. Ces chiens, au comportement social perturbé souvent de façon inapparente, mordent la plupart du temps accidentellement, en réponse à des conduites inadaptées, présentées plus spécialement par certaines catégories de la population : jeunes enfants, préadolescents, personnes âgées. A partir de cette analyse, il est proposé des mesures de longue haleine concernant un encadrement plus stricte de la phase élevage-commercialisation, l'information et la formation du public, ainsi que sur le plan technique l'évaluation de la dangerosité des chiens mordeurs par les vétérinaires dans le cadre de la visite sanitaire. De même, est suggérée la création d'une structure destinée à apprécier, de façon plus précise, la nature du danger et l'importance du risque. Cet avis a été transmis au ministre chargé de l'Agriculture le 14 février 2007.
Complétant sa réflexion au niveau scientifique l'Académie a consacré sa séance du 24 mai à "L'agressivité du chien", donnant la parole à des enseignants vétérinaires sur les points fondamentaux de ce problème : le phénomène de la domestication du chien et ses conséquences, l'agression canine du point de vue de l'éthologue, la présentation détaillée des aspects cliniques de ce trouble de comportement. A l'issue de cette séance la nécessité d'établir scientifiquement une grille standardisée d'évaluation de l'agressivité du chien est apparue comme prioritaire du point de vue vétérinaire.**
Depuis quelques semaines, les morsures de chiens, à travers un fait divers particulièrement tragique, sont devenues un phénomène médiatique. La réaction des pouvoirs publics, cette fois celle du ministre de l'Intérieur, déclencha des consultations hâtives et multidirectionnelles qui ne sollicitèrent pas notre Compagnie.
Il ne s'agit pas de jouer les vieilles filles vexées, ignorées au bal du samedi soir, mais plus positivement, il faudrait, à travers cet exemple de désintérêt des pouvoirs publics, se poser les bonnes questions. A l'exception de quelques rares réflexions proposées par le ministère chargé de l'Agriculture, les travaux de notre Académie, sont-ils encore perçus comme utiles à la collectivité nationale ? à la profession vétérinaire ? Dans l'affirmative, sont-ils suffisamment et/ou efficacement diffusés ? Présenteraient-ils une forme surannée ? Nos liens avec les organisations agissantes de la profession vétérinaire sont-ils suffisamment étroits pour que notre point de vue, celui de la maturité scientifique pluridisciplinaire au service de l'intérêt général, soit régulièrement pris en compte ?
Le problème est complexe. La solution n'apparaît pas comme univoque. Elle devrait présenter plusieurs facettes de nature probablement interne et externe. Aussi, est-il temps que, nous y réfléchissions tous sérieusement, que nous soyons membres titulaires ou membres correspondants.

Claude Milhaud
Vice-président de l’Académie vétérinaire de France

* voir page 2 de cette Lettre
** les communications présentées à cette séance seront publiées prochainement dans le Bulletin de l'Académie vétérinaire de France (N°5/2007)

L’ACADEMIE A DONNE SON AVIS...........

1. sur la prévention des morsures de chien

L’Académie Vétérinaire de France,

observant :
- que l’espèce canine présente dans plus d’un foyer français sur trois y joue un rôle social significatif ;
- que les accidents par morsures de chiens constituent un authentique problème de société, et très certainement de santé publique, tant par leur fréquence que par leur gravité ;
- que la loi 99-5, du 6 janvier 1999 vise essentiellement la maîtrise des risques induits par l’utilisation délictueuse de chiens des races dites « d’attaque » ou « de garde et de défense » ;

considérant :
- que les chiens de toutes les races peuvent présenter des réactions agressives dont la gravité est liée à la taille et à la puissance de la race considérée;
- que l’on distingue schématiquement trois grandes catégories de comportements agressifs aboutissant à des morsures : - des réactions de défense, normales dans l’espèce canine, et émises en réponse à des attitudes humaines inadéquates - des agressions qui par leur mode de déclenchement ou par leur intensité signent une atteinte pathologique du comportement de l’animal - enfin, d’éventuelles agressions dont l’origine réside dans une orientation délictueuse d’un comportement le plus souvent conditionné chez le chien ;
- qu’une réduction significative des accidents par morsures, hors délinquance, suppose la mise en place d’une politique globale, de longue haleine, qui concerne les éleveurs, les propriétaires de chiens et le grand public, et qui ne portera ses fruits qu’à moyen ou long terme.

recommande :
- que la réglementation de l’élevage et de la commercialisation des chiens garantisse la remise au public d’animaux sains sur le plan comportemental ;
- que cet objectif soit poursuivi en limitant la pratique de l’élevage aux éleveurs qualifiés, en s’assurant, par une certification spécifique, de leurs compétences dans le domaine comportemental, et en formalisant le suivi du développement des chiots, en particulier, pendant leur phase de socialisation et de familiarisation à l’environnement humain ;
- que la sélection génétique pratiquée par les associations canines et les éleveurs vise à éliminer systématiquement les lignées présentant une agressivité pathologique ;
- que la commercialisation des chiots soit strictement encadrée, tant sur le plan national qu’international ;
- que la puissance publique et les professionnels développent une politique structurée d’information et de formation au profit des propriétaires, afin que ces derniers, suffisamment prévenus, évitent des attitudes inappropriées susceptibles d’induire chez leurs chiens des troubles de comportement à l’origine d’épisodes agressifs tant au sein des familles que vis à vis de tiers ;
- que les responsables des collectivités locales bénéficient, en ce domaine, d’informations et de formations adaptées à leur responsabilités ;
- que le grand public, notamment les enfants et leurs parents, soit convenablement informé des attitudes susceptibles de déclencher une réaction agressive, normale mais éventuellement dangereuse, de la part d’un chien familier ou inconnu ;
- que les chiens ayant mordu ou identifiés comme dangereux fassent l’objet d’un suivi réglementé, dans le cadre légal du mandat sanitaire, et dont l’objectif serait la prévention des récidives par l’intervention coordonnée des vétérinaires sanitaires, des vétérinaires comportementalistes et des éducateurs canins ;
- que dans le but d’assurer une base solide à cette politique globale de prévention soit constituée une référence statistique nationale et que soient réalisées des études scientifiques permettant de valider les méthodes standardisées indispensables à l’expertise de l’agressivité pathologique du chien.

[Avis adopté à l’unanimité des membres présents à la séance académique du 8 février 2007]

Note du Bureau de l’Académie : toute personne intéressée peut aussi demander à recevoir un exemplaire du rapport technique accompagnant cet avis, en contactant pour cela Madame Marie-France Boscher au siège de l’Académie.

Pour accéder directement au rapport (document en .pdf)

2. sur l'exercice de la médecine vétérinaire en milieu rural

L’Académie Vétérinaire de France,

observant :

- que l’élevage, soumis à des attentes sociétales ainsi qu’à des obligations règlementaires d’ordre technique, sanitaire et économique de plus en plus contraignantes pour l’éleveur et le vétérinaire, évolue dans le sens d’une concentration croissante des effectifs d’animaux, d’une amélioration constante de la technicité des éleveurs et de la productivité des troupeaux ;

- que la désaffection des jeunes vétérinaires pour l’exercice de la médecine des animaux de production menace, à moyen terme, le maillage de surveillance épidémiologique et l’économie générale du cheptel ;

-que l’intensification des échanges internationaux favorise la diffusion des maladies contagieuses ou transmissibles, l’émergence de maladies nouvelles, la résurgence d’affections diverses en sommeil et l’extension de zoonoses dangereuses pour la santé publique ;

considérant :

- que les filières porcines et avicoles, et d’une manière plus générale les filières d’élevage hors sol, se sont dotées d’organisations technico-économiques adaptées à leurs activités, dans lesquelles le vétérinaire dont la compétence est reconnue, tient une place définie ;

-que les filières bovines et ovines, en pleine évolution, réservent au vétérinaire, sans préjuger de la nature de leurs relations à venir, un rôle d’intervenant extérieur peut-être mieux adapté à leurs besoins et à leur culture ;

- que la désaffection des vétérinaires pour l’exercice en milieu rural tient à trois séries de causes liées :
-au recrutement et à la formation : féminisation de la profession, origines sociale et géographique de la majorité des diplômés, formation plus orientée vers les animaux de compagnie ;
-à l’exercice professionnel : revenus insuffisamment attractifs, pénibilité des conditions d’exercice, nature des relations avec les éleveurs et les milieux de l’élevage, concurrence avérée de professionnels intervenant dans les élevages ;
-à des difficultés d’ordre sociétal : isolement professionnel et culturel, éducation des enfants ;

- que les vétérinaires ruraux ont un rôle fondamental à jouer dans les domaines suivants :
-suivi de l’état sanitaire du cheptel et contribution à l’économie de l’élevage,
-exercice du Mandat sanitaire et épidémiosurveillance,
-prescription, distribution et emploi du médicament vétérinaire,
-salubrité des denrées alimentaires d’origine animale,
-bientraitance et bien-être des animaux ;

propose :

vu le rapport sur l’exercice de la médecine vétérinaire rurale, adopté le 11 janvier 2007
et prenant en compte l’importance de la santé animale pour la santé publique,

- que soient prises des mesures incitatives favorisant le maintien et l’installation des vétérinaires exerçant en milieu rural ;

- que ces vétérinaires puissent, pour l’épidémiosurveillance, s’appuyer sur un réseau accessible de laboratoires à compétence vétérinaire disposant de moyens appropriés ;

- que soit menée une réflexion formalisée entre des représentants des organisations professionnelles des vétérinaires d’une part, des représentants des services publics, et des représentants des organisations professionnelles d’éleveurs d’autre part.

Cette réflexion aurait pour objet :
* de préciser les attentes des différentes parties et de définir les conditions d’exercice de la médecine vétérinaire en milieu rural,
* d’émettre un avis sur la prise en considération d’une politique des revenus des praticiens exerçant en milieu rural,
* de suggérer les types de relation qui pourraient prévaloir entre les vétérinaires et les deux autres parties ;

- que soit menée une étude sur la formation des vétérinaires exerçant en milieu rural. Cette étude devrait déterminer les besoins spécifiques de la profession, formuler des propositions pour la formation initiale de base qui, compte tenu du caractère polyvalent du diplôme, doit assurer une juste place aux thématiques liées aux activités rurales, pour l’enseignement d’approfondissement la complétant et pour l’indispensable formation continue.

[Avis adopté par l’Académie Vétérinaire de France, lors de sa séance du 21 juin 2007, à l’unanimité des membres présents]

Note du Bureau de l’Académie : toute personne intéressée peut demander à recevoir un exemplaire du rapport technique accompagnant cet avis en contactant Madame Marie-France Boscher au siège de l’Académie.

Pour accéder directement au rapport

PROGRAMME DE L’ACADEMIE POUR LES MOIS A VENIR

Les séances de l'Académie Vétérinaire de France sont publiques, sauf pour les Assemblées générales et les réunions en comité secret, qui sont limitées aux Académiciens ayant le droit de vote. Les séances se tiennent généralement les premiers et troisièmes jeudis du mois, à l'exception de la période du 15 juillet au 30 septembre. Elles ont lieu à 14h30 à l'Académie de Chirurgie, 15 rue de l'Ecole de Médecine, 75006 Paris. Toutefois le bureau peut être contraint d’adapter ce calendrier, le programme ou le lieu de la séance en fonction des circonstances. Le programme ci-après n’est donc présenté qu’à titre indicatif et non détaillé. Pour obtenir une information plus précise le lecteur pourra se reporter soit à l’invitation qu’il aura reçu avant la séance, soit au site Internet de l’Académie : http://www.academie-veterinaire-defrance.org

* 4 octobre : séance thématique sur les médicaments vétérinaires (première partie).
* 25 octobre : séance thématique sur les médicaments vétérinaires (seconde partie), élection de membres titulaires.
* 8 novembre : séance thématique sur la présence vétérinaire dans la sécurité du médicament.
* 22 novembre : communications libres.
* 6 décembre : cardiologie (communications par les enseignants-chercheurs de l’Unité mixte INSERM/ ENVA, Professeur Berdeaux).
20 décembre : séance commune avec l’ASA : virus et alimentation. Election du Bureau 2008.
10 janvier 2008 : Assemblée générale 2008.
* 24 janvier : communications libres.
* 7 ou 21 février : séance thématique : les vétérinaires dans les parcs animaliers.

LA SANTE ANIMALE EN FRANCE ET DANS LE MONDE

Le résumé de la situation sanitaire présenté ci-dessous ne concerne que les mois de juin à octobre 2007. Il traite essentiellement des maladies transmissibles qui ont un grand pouvoir de diffusion, et donc des conséquences socio-économiques et commerciales graves, notamment fièvre aphteuse, stomatite vésiculeuse, maladie vésiculeuse du porc, peste bovine, peste des petits ruminants, péripneumonie contagieuse bovine, dermatose nodulaire contagieuse, fièvre de la Vallée du Rift, fièvre catarrhale du mouton (« blue-tongue), clavelée et variole caprine, peste équine, peste porcine africaine, peste porcine classique, influenza aviaire hautement pathogène (« peste aviaire »), maladie de Newcastle…..

Ces maladies sont inscrites sur la « nouvelle liste de l’Office international des épizooties ». Nous conseillons vivement à nos lecteurs de consulter régulièrement le site Internet de cette organisation (www.oie.int) pour être informés de l’évolution, en temps réel, de la situation zoosanitaire mondiale. Ils trouveront également, sur ce site, tous les détails scientifiques et techniques sur les principales maladies animales et sur les zoonoses, ainsi que leurs modalités de diagnostic et de contrôle.

La santé animale en France….
Depuis la publication du n°13 de cette Lettre, en juin 2007, la fièvre catarrhale du mouton (« Blue-tongue », « Langue bleue ») a pris une extension inquiétante dans le nord du pays, comme le montre la carte ci-dessous, publiée sur le site Internet de l’OIE (www.oie.int).


….en Europe
Des cas de fièvre aphteuse ont été signalés au Royaume-Uni (probablement dus à un virus de laboratoire) et des cas de fièvre catarrhale du mouton reconnus dans un nombre accru de pays européens (Allemagne, Belgique, Espagne, France, Luxembourg, Pays-Bas, Royaume-Uni...). La peste porcine classique a été rapportée en Croatie, en Hongrie et en Russie ainsi que la peste porcine africaine en Arménie et en Géorgie. Des cas de maladie de Newcastle ont été signalés en Bulgarie, en Estonie, en Roumanie et en Serbie ainsi que des cas de maladie vésiculeuse du porc au Portugal..

….et dans le reste du monde
La fièvre aphteuse a été signalée en Equateur, au Kirghizistan, en République Populaire de Chine, en Turquie et au Viet-Nam et la fièvre catarrhale du mouton en Tunisie. La peste porcine classique a été déclarée au Guatemala et la peste porcine africaine au Burkina Faso et au Nigéria. La péripneumonie contagieuse bovine a été signalée en République centre africaine, la peste équine au Swaziland et la peste des petits ruminants en République Populaire de Chine et en Ouganda. L’influenza aviaire hautement pathogène sévit toujours dans plusieurs pays d’Asie, d’Afrique (apparition au Ghana), d’Europe (Allemagne, France, République Tchèque, Royaume-Uni…..) et du Moyen-Orient. La maladie de Newcastle a été rapportée au Chili et au Honduras, la peste équine au Sénégal et au Swaziland et la fièvre de la Vallée du Rift en Tanzanie.
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Parmi les autres maladies des mammifères, l’anémie infectieuse des équidés a été déclarée en Uruguay, la grippe équine en Australie, le syndrome dysgénésique et respiratoire du porc en Suède, la septicémie hémorragique virale en Belgique, la tremblante en Roumanie, la fièvre du Nil occidental en Israël et l’infestation par la Lucilie bouchère (Cochlyomyia hominivorax) aux Etats-Unis d’Amérique.
Chez les animaux aquatiques, l’anémie infectieuse du saumon a été signalée au Chili et la virémie printanière de la carpe ainsi que l’herpesvirose de la carpe koï au Royaume Uni.

-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------La Lettre de l'Académie vétérinaire de France est une publication coordonnée par Jean Blancou, chargé de la communication de l'Académie.

Maquette et impression : Association interdisciplinaire « Animal, Société, Aliment », Maisons-Alfort, avec l’aimable assistance de Ghislaine Serveaux et Clarisse Texier.

Directeur de la publication : Henri Brugère

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Secrétariat : 34 rue Bréguet, 75011 Paris - Tél : 01 53 36 16 19 - Email : academie@veterinaire.fr